intelligence artificielle et écologie : pour un monde plus vert

L’intelligence artificielle (IA) peut-elle sauver notre planète ? Avec l’avancé de l’IA et les enjeux climatiques la question est ouverte !

Pour que vous receviez vos notifications et vos mails partout dans le monde, des infrastructures ont été mises en place et n’ont pas forcément un impact “eco-friendly” sur notre environnement…Chaque jour, 2 trillions d’octets de données sont générés par des capteurs, des messages sur les réseaux sociaux, des images numériques, des vidéos, des transactions bancaires ou encore des tracés GPS pour nos téléphones mobiles 1.

 

Mais si Internet n’est pas tout blanc, l’IA peut-elle rendre le monde plus vert ?

Le Big Data peut-il venir au secour du développement durable ? Une question qui reste ouverte.

Il semble difficile de mesurer le réel impact des solutions d’IA tant leur puissance de calcul est exponentielle et accentuée par une utilisation massive du Cloud. Nous arrivons dans un monde où sans code de conduite des industriels et sans politique publique, il faudra peut-être un jour considérer que certaines IA ne peuvent fonctionner les mêmes jours que les autres et nécessitent alors un planning…

La dualité développement durable/Intelligence artificielle intéresse de plus en plus les entreprises comme le grand public. D’ailleurs, le simple fait de faire des recherches internet sur l’IA et l’environnement, n’est-ce pas déjà espérer changer les choses ? Chaque être humain peut à son échelle réduire ce dernier via des pratiques responsables (limiter l’usage du papier, se renseigner sur les bonnes pratiques, etc).

Encore maintenant et malheureusement, le bilan carbone de toutes les IA de ce monde n’est ni équilibré ni en faveur du vert, mais la tendance pourrait changer avec le Machine Learning. En effet, si ce dernier est mis au profit de l’optimisation des ressources dans une vision plus globale, il est possible d’envisager des systèmes fonctionnant en “énergie positive”. Et avec la dissémination d’intelligence dans les plus simples objets, il devient possible de rentabiliser énergétiquement des traitements deep learning par leur diffusion massive. Moralité : pour que le monde soit plus vert grâce aux IA, c’est à nous de favoriser des IA plus vertes !

Comme a déclaré Pascal Canfin, directeur général de WWF France « Nous sommes à un moment de bascule : le numérique peut tout autant augmenter notre empreinte écologique que nous apporter les opportunités pour la réduire et accélérer la transition ».

 

Comment une IA peut-elle être “verte” ? Exemples de part le monde.

Il existe de nombreuses initiatives permettant de mettre l’intelligence artificielle au service de la lutte contre la pollution, de l’efficacité énergétique et de la préservation de l’environnement.

En octobre 2018, Pascal Canfin, directeur général de WWF France, a introduit une étude interrogeant les opportunités d’un numérique responsable. Un engagement que prennent les géants du Web, conscients de l’importance de l’empreinte carbone générée par l’industrie. Ainsi, en suivant les recommandations réalisées à l’aide d’algorithmes, ils parviennent à réduire la consommation de leurs propres centres de données de 15%2.

La municipalité de Dubaï a mis en place un programme utilisant l’intelligence artificielle pour optimiser la collecte et le recyclage des déchets. Le projet inclut également la construction d’une usine pour, dans un premier temps, recycler les déchets pour produire du béton 100 % écologique, et, dans un second temps, convertir l’énergie dégagée lors du recyclage en électricité verte pour alimenter la ville.

Le projet The Ocean Cleanup vise quant à lui la préservation des océans. L’objectif est de mobiliser des robots de 600 mètres de long. Dans quel objectif ? Ce robot baptisé Wilson est capable grâce à des satellites communiquant avec le siège d’Ocean Cleanup et des caméras piloté à distance de récupérer jusqu’à cinq tonnes de plastique par mois. Un premier robot a été déployé début septembre 2018. À terme, il devrait y avoir une flotte de soixante appareils nettoyant les océans. L’idée est ensuite de recycler le plastique ainsi récolté.

Depuis 2012, la ville de Pittsburgh avec le concours de la solution Surtrac de l’entreprise Rapid Flow, a diminué la pollution grâce à un système intelligent de feux de circulation. Quand les feux classiques mettent quelques minutes pour s’adapter à la circulation, Surtrac s’adapte en temps réel au trafic. Les automobilistes gagneraient 25% sur leur trajet quotidien, réduirait de 40 % le temps passé devant les feux et surtout il réduirait les émissions de 20 %.

Le programme AI for Earthde Microsoft a mis en place trois initiatives innovantes au service de la protection de l’environnement. L’un d’entre-elles consiste à mettre en œuvre une agriculture plus respectueuse des sols et des écosystèmes.

En effet, Microsoft souhaite rendre l’agriculture de précision accessible à tous, y compris aux individus travaillant dans des régions défavorisées. Ceux-ci n’ont pas toujours un accès à Internet ce qui rend caduque l’installation de capteurs. Pour remédier à ce problème, Microsoft emploie des fréquences radio non utilisées pour transmettre les données, concernant l’humidité ou le pH des sols, ou encore les prévisions météorologiques. Le dispositif est, en outre, alimenté à l’énergie solaire. Les données récoltées sont ensuite traitées à l’aide d’algorithmes d’intelligence artificielle, qui fournissent des recommandations. Plusieurs projets pilotes ont été mis en place en Afrique et en Inde, où les agriculteurs ont ainsi pu accroître leur productivité de 20 %.

 

Et en France, où en est l’Intelligence Artificielle appliquée à l’écologie

En mars dernier, le député LREM et mathématicien Cédric Villani a remis un rapport sur le développement de l’IA en France. Parmi les axes étudiés, de nombreux points concernent l’utilisation de l’intelligence artificielle pour aider à lutter contre le changement climatique et aborder la transition énergétique. Ce rapport a été remis le jeudi 29 mars dernier à l’occasion de la conférence AI for Humanity et il permet de démontrer que l’IA pourrait devenir un outil puissant pour mieux comprendre les mécanismes du changement climatique et apporter des solutions adaptées3.

Parmi les point sujets abordés, l’identification et la préservation de la biodiversité, la réparation des dommages causés, ou encore la modélisation de l’impact de l’Homme.

L’IA pourrait être un allié indispensable dans la lutte contre le changement climatique et l’entrée dans la transition énergétique. Par exemple, il serait possible de créer une base de données comprenant la consommation électrique en France (via le compteur connecté Linky), les données de pollution de l’air, ou encore la pluviométrie et l’ensoleillement (via les capteurs). L’utilisation de ces chiffres permettraient d’ajuster les besoins et donc la production en temps réel, et pourraient faire baisser les émissions polluantes.

Pour parvenir à cette mise en œuvre, il sera sans doute nécessaire de mettre en place des fonds spécifiques de financement via la BPI ou la FrenchTech pour les entreprises porteuses de projets à visée environnementale. En effet, selon Cédric Villani, la France a les moyens d’être à l’avant-garde sur le sujet, d’autant qu’elle s’apprête à prendre la présidence tournante du G7.

Ainsi, même si l’IA ne peut être considérée comme une solution en soit pour rendre le monde plus vert, elle sera un outil indispensable pour permettre à nos sociétés d’apporter des solutions adaptées aux diverses problématiques liées aux changements climatiques. La capacité de l’Intelligence Artificielle à agir en faveur de l’environnement dépendra surtout de l’inclinaison donnée par les différents acteurs étatiques et industriel.

 

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 1Les Echos – Opinion | L’intelligence artificielle de demain sera-t-elle verte ? – Novembre 2018

2Regard sur le numérique – Quand l’intelligence artificielle vole au secours du climat – Novembre 2018

3TWC France – Comment l’intelligence artificielle peut se mettre au service de l’environnement – Mars 2019

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