La transformation digitale en cours a déjà révolutionné nos usages quotidiens et transformé en profondeur notre société. Pour en finir avec l’abandon en cours de cursus, de la réorientation ou du mal-être étudiant, l’Intelligence Artificielle révolutionne aujourd’hui la vie estudiantine grâce à une orientation post-bac et un choix d’un cursus professionnalisant adapté et personnalisé.
Il est opportun de noter que les réussites les plus innovantes en matière d’IA, ainsi que les entreprises derrière ces succès – DeepMind, Magic Pony, Aysadi, Wolfram Alpha et Improbable – trouvent leurs origines dans les universités. Ainsi, c’est au tour de l’IA de transformer les institutions universités.
La question est de savoir si utiliser le machine learning (intelligence artificielle) pour mieux accompagner les étudiants dans leur parcours universitaire relève plus de l’utopie en fin de compte ou une réalité à venir ?
Dépasser le fonctionnement ancien et archaïque de l’université
Si l’université a évolué depuis la Grèce Antique : nombre et diversité d’étudiants comme de formation, il n’avait pas connu de réelle transformation avant l’arrivé de l’informatique et d’Internet. Cependant, le fonctionnement semblait lui stagner malgré ces bouleversements.
Comme il y a cinquante ans, pour la majorité des “meilleurs” étudiants, le Saint Graal reste l’intégration d’une grande école au nom prestigieux. Pourtant, il en existe environ deux cents en France et chacune d’entre elles offrent des cursus riches, variés et de haut niveau. Il serait pourtant logique de penser que les étudiants choisissent leur cursus à partir de critères propres à eux-mêmes, mais ce n’est pas du tout le cas.
La plupart des étudiants se fie au classement national issu d’un calcul et d’un raisonnement qui leur échappent et qui ne prennent pas en compte leurs spécificités personnelles. La tendance est donc de privilégier la plus reconnue plutôt que celle qui correspond le mieux à l’étudiant. Malheureusement, une fois engagé, revenir en arrière au bout de quelques mois et se réorienter est pénalisant et psychologiquement difficile.
La quatrième révolution industrielle est en train de laisser son empreinte sur tous les éléments des sociétés et économies d’aujourd’hui. Contrairement aux révolutions précédentes, pendant lesquelles la structure et l’organisation des universités sont restées relativement inchangées, cette fois, l’éventail des technologies au sein de l’IA va probablement les secouer violemment1
Comment faire évoluer ce monde académique – hérité des méthodes de sélection du 20e siècle, à la nouvelle réalité des entreprises et aux attentes de la nouvelle génération plus “flexible” et digitale ?
Tout commence par l’orientation : intelligence artificielle pour améliorer le parcours étudiant
Lors du choix de l’université, la première étape est souvent de se renseigner, notamment en consultant les sites internets des différentes universitiés. Or une visite sur un de ces sites internet dure en moyenne deux à trois minutes. Comment prendre une décision pertinente face à la masse d’information disponible et souvent non hiérarchisée, qui renseigne plus sur les moyens offerts que sur les résultats que pourrait espérer le futur diplômé ?
Dorénavant, des outils d’analyse des parcours des diplômés et des algorithmes d’intelligence artificielle permettent d’optimiser l’orientation de l’étudiant grâce à une approche
individualisée. L’Intelligence Artificielle va accompagner le lycéen et lui proposer les écoles les plus pertinentes qui lui permettront de mener à bien son projet professionnel.
Au lieu de choisir une “marque”, l’étudiant pourra alors choisir un cursus plus en phase avec ses aspirations profondes, sans avoir peur de se tromper.
Face à un monde professionnel en voie de transformation grâce au digital et à l’impulsion non-conformiste des start-ups, il est temps pour l’enseignement supérieur de changer ses pratiques pour en finir avec ses principes conformateurs et attirer de nouveaux talents.
Dans le monde de l’entreprise, les nouvelles technologies permettent actuellement d’enrichir le parcours “client” et de le rendre fluide et de plus en plus satisfaisant. Et si le monde académique des écoles et des universités, capitalisait à son tour sur l’Intelligence Artificielle et le Big Data pour améliorer l’accompagnement du “parcours étudiant” ?
L’utilisation de l’IA au niveau universitaire à de nombreux avantages
Avec des éditeurs comme Reed Elsevier, l’Intelligence Artificielle est déjà utilisée depuis longtemps à l’université pour éviter le plagiat chez les étudiants ou encore pour automatiser les revues de littérature académique.
Quant à l’utilisation de l’IA en apprentissage et en enseignement, de nombreuses tâches routinières, comme la notation des copies, peuvent être automatisées, ou encore répondre aux questions des étudiants pour les aider à construire leur cursus. Par exemple, l’Université Technique de Berlin, entre autres, développent des chatbots intelligents utilisant un langage naturel pour aider l’étudiant à trouver une réponse à ses questions.
Les assistants virtuels peuvent également guider et piloter un processus d’apprentissage plus personnalisé. Dans le cadre de son projet Open Learning, l’université Carnegie-Mellon travaille depuis plusieurs années sur des tuteurs cognitifs sur la base de l’IA. Ils ont constaté que leur cours de statistiques, assuré avec un minimum de contact avec l’enseignant, a produit des résultats corrects tout en ayant moins d’heures d’études. Dorénavant, la qualité des chatbot est telle que lors d’un cours à la Georgia Institute of Technology, les étudiants n’ont pas été capable de distinguer les remarques humaines de celle du robot2
En plus d’améliorer la qualité des formations, l’IA peut rendre les cours disponibles à un public beaucoup plus large. Par le passé, l’accès à l’éducation était limité par la taille de la salle de classe. Grâce à au développement des MOOCs ces dernières années, des dizaines de milliers de personnes peuvent étudier un vaste choix de disciplines universitaires.
Les universités bénéficiant de l’IA dans leurs processus administratifs pourraient traiter de plus vastes quantités de données générées par leurs activités de recherche et d’enseignement. Il sera alors possible, par exemple, d’assurer un suivi de la performance, que ce soit en recherche, en éducation ou en promotion de la diversité. Cela peut notamment permettre une sélection sur dossier plus rapide et plus efficace.
L’IA donne également la possibilité de suivre la performance individuelle des étudiants : par exemple, les universités d’état de Géorgie et d’Arizona l’utilisent pour réaliser une prévision des notes indiquant quand il est nécessaire d’intervenir pour permettre à l’étudiant d’atteindre son plein potentiel et de l’empêcher d’abandonner ses études.
De telles analyses des données des étudiants et des enseignants provoquent d’importantes interrogations quant au respect de la vie privée et de la confidentialité, qui nécessitent des pratiques codifiées pertinentes. Il est toutefois certain que l’apprentissage avancé et sa notation demandent un contrôle personnalisé et subjectif qui ne peut pas être automatisé.
Et après ?
L’important avec l’Intelligence Artificielle est de réfléchir à la bonne manière de collaborer avec des machines et systèmes intelligents. En effet, cela nécessite des connaissances dans des domaines tels que la psychologie et l’éthique. Au-delà des opportunités qu’ouvre l’IA à un domaine qui jusqu’à présent a toujours fonctionné selon des précepts archaïques, il faut également faire des recherches sur les conséquences comme par exemple sur le taux et la qualité de l’emploi auxquels ils accèdent une fois sorti du cursus universitaire.
1Les echos – L’IA au cœur du parcours étudiant pour favoriser personnalisation et diversité – novembre 2017
2Talentsoft – Comment l’intelligence artificielle va transformer les universités – décembre 2017